VOL SANS EFFRACTION...

7 h ! Mes collègues du jour arrivent, nous parlons chocolat et là, c'est la misère dans mon esprit. L'une d'elles me donne l’info qu'au supermarché tous les chocolats de pâque sont à -50 % dont les gros œufs kinder surprise... Je sens alors l'appel du sucré gagner tout mon corps et mes hanches et l'idée de récompenser mon aptitude à monter un super jouet, par un morceau de coquille en chocolat, était motivante à souhait !
J'arrive au lieu interdit vers 8 h 20, encore dix minutes à attendre. Je sors de la voiture avec mon sac à main et ferme le petit clapet de la portière avant de claquer la porte, les clés sur le contact !
C'est ma troisième récidives en six mois, sans double, pensez-vous. La première fois, le mari garagiste d'une amie a crocheté la porte, et en 15 minutes, ce fut fait. La seconde fois, le fils d'une amie s'y est attelé, et en 20 minutes, ce fut fait… Mais là, j'étais seule, ou plutôt, je me sentais seule sur une île déserte. Je savais pourtant pour l’avoir vu faire, comment procéder pour récupérer mes clés, une barre de fer et un cintre et hop hop hop...

Donc dans un premier temps, je reste figée devant mon véhicule sans grande conviction. J'en fais le tour et essais d'ouvrir les autres portes, mais tout est scellé. Je suis alors à la recherche du moindre orifice me permettant l’accès au contact, par des endroits inouïs tant au niveau des roues que de la carrosserie, persuadée que si j'en trouvais un, je pourrais y passer... J'appelle ma fille, mais elle dort et son portable est éteint. Comme si c’était de sa faute, je lui laisse un message lui interdisant de me faire la leçon (ce qui ne ferait qu'accentuer mon sentiment de stupidité, et à cela, mon ego n'y était pas préparé) et lui demande de venir me chercher. Toujours dans l'oubli de ma capacité à manœuvrer, j'appelle mon garagiste qui me propose de me dépanner en fin de matinée.

Lori arrive, mal lunée à souhait, car elle n'était pas prête à sortir. Son comportement m'exaspère, car je suis dépourvue de la lunatique attitude, ce, quelle que soit la situation, avec une tendance à rechercher instinctivement « la » solution adéquate. Le regard négatif porté à l’horizon semble certes plus facile, mais, n'a aucune valeur réflexive. Sauf qu'a ce moment-là de cette heure-là, le mot réflexion ne fait alors plus partie de mon vocabulaire !

Arrivée à la maison, je l'informe attendre l'appel du garagiste et que j'espérais que son intervention ne me coûte pas plus cher qu'un double du sésame.
Quelques minutes après, elle m'appelle: "Maman rappelle vite le garagiste et annule, j'ai crocheté ta voiture, je viens te chercher avec tes clés" ! Je suis prise d'un fou rire, mélange de fatigue, de soulagement et d'étonnement... Elle venait de me déposer un peu avant, est-ce une hallucination ?
Cinq minutes plus tard, s'offre à mes yeux une des scènes les plus mignonnes parmi les plus mignonnes qu'elle m'offre régulièrement: les cheveux en pagaille l'air à peine fier avec à ses côtés, une pince à nourrir les reptiles et une spatule de cuisine en bois, avec lesquelles elle a ouvert la portière. Et rajoute: "c'est bon mam, tu n'as pas besoin de faire les doubles, je sais faire ça en 2 minutes, je me suis dit en buvant mon café qu'après tout, j'ai du sang marocain dans les veines, je dois bien savoir ouvrir une voiture quand même... "

Mes esprits retrouvés, j'ai prié pour que les cameras de surveillance n'aient pas filmé mon manège clownesque autour de mon véhicule...